vendredi 28 mars 2014

Rencontre avec l'astronaute Alan Bean, 4ème homme à marcher sur la Lune et peintre



Alan Bean est un ancien pilote de chasse et pilote d’essais de l’US Navy.
 
Un de ses instructeurs à l’US Naval Test Pilot School (à Patuxent River) était l’astronaute Charles Conrad.
 
En 1963, il est sélectionné par la NASA dans le Groupe 3.
 
En novembre 1969, lors de la mission Apollo 12, il devient le 4ème homme à marcher sur la Lune.

 
Il sera ensuite le commandant de la mission Skylab 3 entre juillet et septembre 1973.

Il continuera à travailler avec la NASA jusqu’en 1981, et il quittera celle-ci pour s’adonner exclusivement à sa grande passion, la peinture.
 
Depuis plus de trente ans, ses œuvres sont spatiales et tournent quasiment toujours autour de la Lune et des voyages lunaires. Il met en perspective ses émotions d’astronaute par la peinture. Alan Bean a également beaucoup exposé ses œuvres et est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages.

‘’J’ai été très chanceux de visiter un autre monde,
d'aller là où aucun artiste n’a jamais été’’

Avant de revenir, dans un article spécial, à la peinture d’Alan Bean, voici une interview de celui-ci réalisée la semaine dernière à Londres pendant Autographica.
Il a fallu compiler les réponses aux questions posées en plusieurs fois dans la journée pour compléter la présentation donnée par Alan Bean lors de ce week-end très spatial.

 
 
Tout à l’heure, au début de votre présentation faite au public (petite conférence), vous nous avez montré un de vos tableaux, qui semble être un de vos favoris. Pourquoi ?
Reaching for the Stars’’: Mon hommage à tous.
 
Il symbolise tous les astronautes, des missions passées, des missions actuelles et des missions futures.
 
L’astronaute est un messager, un émissaire de la Terre. Il représente tout ce qu’il y a de bon dans l’humanité, l’accomplissement de soi, le courage et la détermination d’aller vers nos rêves, de transporter sa propre étoile.

(''Reaching for the Stars'')
 
Quel était l’état d’esprit des équipes de la NASA à votre arrivée ? La chance a-t-elle eu une place importante dans votre carrière d’astronaute ?
Je suis arrivé à la NASA au bon moment. C’était une époque incroyable.
 
Nous, qui étions des jeunes pilotes, nous avions comme responsables des gens encore plus jeunes que nous à Mission Control. La moyenne d’âge était de 25-27 ans.
 
Comme à cette époque, on ne savait pas grand-chose de l’espace, et bien nous avons tout expérimenté, tout essayé.
 
On voulait des gens qui pensent différemment de ce que l’on pouvait penser normalement dans le monde spatial. Cela permettait de bousculer quelques idées et d’avancer. Je faisais partie de ceux-là.
 
J’ai eu vraiment de la chance. J’avais le bon âge, le bon background, une bonne santé … vraiment au bon endroit au bon moment.

(''One Lucky Guy'')

Il semble que l’entrainement en géologie pour Apollo 12, a été un peu compliqué ?
Pour la géologie, nous avons été obligés de beaucoup travailler, d’apprendre.
Nous, des pilotes, des astronautes qui avions rencontré le président, étions obligés d’apprendre à reconnaitre des cailloux (rires).
 
Sur la Lune, pour la géologie, nous avions un rôle bien défini, que nous avons longuement préparé au sol. Pete (Charles Conrad) était devant et moi … derrière (il montre une photo de l’entrainement avec Conrad devant ne portant rien et lui derrière portant tout).

 
Que signifie pour vous Apollo 11 ?
Apollo 11 a prouvé que l’on pouvait se poser sur la Lune et revenir sur Terre.
 
Juste après Apollo 11, c’était un sacré challenge de vouloir se poser à côté de Surveyor ?
Pour Apollo 12 et se poser à côté de Surveyor, et bien, au début, tout le monde pensait que c’était impossible.
 
Au MIT, ils ont travaillé dur sur leurs ordinateurs et informatique. Nous aussi, on a bossé dur au simulateur, et c’est seulement 3 semaines avant le décollage, que nous avons réussi à simuler correctement un alunissage à proximité. Tout était prêt…
 
Qu’avez-vous ressenti lorsque, en route pour la Lune, vous avez vu la Terre en son entier depuis Yankee Clipper ?
La Terre vue depuis Apollo 12 était tout simplement … CRAZY !!!
 
Je me souviens encore parfaitement de cette merveilleuse vision. Je peux encore la décrire, la ressentir, voir ses couleurs, depuis l’espace.


(''A Jewel In The Heavens'')
 
Apollo 12 était une mission importante qui nécessitait un alunissage de précision près de la sonde Surveyor. Qu’aviez-vous à l’esprit au moment de l’alunissage ?
Avec Apollo 12, cela signifiait surtout : Nous sommes de retour sur la Lune … Nous avons été sur la Lune avec Apollo 11, et Apollo 12, prouve que l’on peut y retourner.
 
Pas de questions, pas d’émotions au moment de l’alunissage. Nous avions réussi au simulateur, et il n’y avait pas de raison de douter. Donc, nous étions très concentrés sur ce que nous avions à faire. C’est après que l’on a pu se dire … Yeahhh, nous l’avons fait …
 
Nous nous sommes posés à proximité de Surveyor exactement comme prévu. Cela était incroyable de voir un objet humain sur ce monde qui n’a jamais été habité. Un objet humain juste à côté de nous, là, comme ça… on avait l’impression de se retrouver sur Terre avec du trafic sur la route (rires).
 
Mais, ceux qui ont été le plus étonné, ceux qui ont eu la plus grande émotion, a été ceux qui ont travaillé sur Surveyor. Ils nous avaient surnommé les ‘’snowmen’’ (bonhommes de neige) et ils avaient vraiment du mal à en croire leurs yeux en nous voyant sur la Lune à proximité de Surveyor.

(''Surveyor III, I Presume'')
(''Please Take Me Back Home, Guys'')
 
A quoi avez-vous pensé lors du trajet retour ?
Ce que j’ai pensé au retour ? C’est de voir comment la Terre était bleue, comment elle paraissait lumineuse et belle. Nous vivons dans un paradis, dans un jardin d’Eden …

(''Apollo 12 is Headed Home''
(''The Source of Intelligent Life'')
 
… Vous n’avez pas songé à ce que vous aviez fait sur la Lune ?
Non, la Terre occupait mes pensées. J’avais bien le temps de penser à la Lune et à ce que j’y avais fait… la preuve, 40 ans après, vous êtes nombreux à venir me voir parler de la Lune, et non de la Terre (rires).
 
Avec le recul, quel regard avez-vous sur votre ‘’vie’’ d’astronaute ?
Cela a changé ma vie … en meilleur !

('' Hello Universe'')

(Devant la reproduction géante d'une de ses œuvres au Space Center à Houston)


(Affiche de l'une de ses expositions en 1986)
Parmi les plus livres d'Alan Bean


Les œuvres reproduites pour illustrer l'article sont des scans de tirages limitées et numérotés (Giclee Canevas) édités par Alan Bean et issus de ma collection. Mais il existe aussi des lithos spéciales.

 

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