jeudi 24 janvier 2013

Voeux à la presse et conférence du Directeur de l'ESA Jean-Jacques Dordain.

 
Ce matin, jeudi 24 janvier, le Directeur de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) Jean-Jacques Dordain, rencontrait la presse pour leur présenter ses voeux et tenir une conférence de presse sur les activités de l'ESA, tant celles passées de 2012, que celles de 2013 et après.
 
Toutes les photos / Crédit : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace

 
La presse écrite (magazines), télévisuelle (chaînes télé) (sites web, blogs …) était présente, francophone bien sûr, mais aussi internationale (Grande-Bretagne, Allemagne, USA, Chine, etc…).

Le représentant de la NASA en Europe, Gilbert Kirkham était également présent (le représentant NASA en Europe se trouve en France attaché auprès de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris).

Jean-Jacques Dordain présente ses vœux aux personnes présentes et explique pourquoi, cette année, la conférence de presse a lieu au Bâtiment Daumesnil dans le 12ème arrondissement au lieu du siège historique à Mario-Nikis dans la 15ème.

<<Le Bâtiment Daumesnil est le 2ème siège de l’ESA car à Mario-Nikis, il n’y a plus de place. Depuis sa création, l’ESA est passée de 12 à 20 membres, et ira en s’agrandissant. Le siège de l’ESA est aussi le siège des états membres, et il commence à y avoir un manque de place certain.

De plus, ce bâtiment est aussi le siège des lanceurs du CNES, ce qui est bien pratique pour le travail, les réunions, etc…>>.

(Le bâtiment ESA Daumesnil)

(Jean-Jacques Dordain et le représentant de la NASA en Europe, Gibert Kirkham)
2013 est une année dans la continuité de 2012

Les importantes décisions de la Ministérielle de novembre 2012 ont fait que l’ESA, aujourd’hui, n’est plus la même qu’avant. Il y avait beaucoup de questions, voire des incertitudes sur certaines choses, certains programmes ou projets. La Ministérielle a apporté des réponses et des décisions, ce qui fait que l’ESA a une feuille de route bien claire.

En 2012 également, l’ESA est passée dans la dimension économique, avec entre autre une contribution britannique en hausse de 25%.

Il n’y aura pas de Ministérielle en 2013.

2013 : Année record
Très nombreuses missions pour l’ESA en 2013, qui seront plus nombreuses qu’en 2012.

Et surtout, les résultats des missions en 2013, sera beaucoup plus important qu’en 2012.

<<Nous avons une activité en hausse>>.

 
Budget
Le budget aussi est en hausse, de 6%, atteignant 4,2 milliards d’euros.

Le plus gros budget actuellement concerne le secteur Observation de la Terre (23%), la Navigation représente 16,6%, les lanceurs 16%, et en 4ème place, c’est le budget des vols habités avec 9,3% (398 millions d’euros).

Les vols habités <<ne représentent pas une nécessité absolue, pour l’instant, pour les états membres>>.

L’ESA pourrait passer, dans 5 à 10 ans, à 25 ou 27 états membres, et pas obligatoirement de l’Union Européenne. Plusieurs ont déjà déposé plusieurs fois des dossiers afin de rejoindre l’ESA (Israel ou l’Ukraine par exemple).

 

Calendrier lancements et missions 2013

Il y aura 12 missions en 2013 réparties en 7 lancements.
 
Le calendrier est très tendu, et il risque d’y avoir de nombreuses interférences entre les missions (ex : ATV-4 et Proba-V qui sont prévus tous les deux en avril). Les priorités seront définies en fonction de l’actualité et des contraintes. ATV-4 a plus de contrainte que Proba-V, du fait des rendez-vous avec l’ISS et il aura la priorité.

Chaque responsable de secteur doit tenir sa feuille de route au niveau des délais et plus vite on lancera et mieux cela sera. Cela sera plus facile, et plus économique.

·         Proba-V
Ce micro-satellite doit être lancé par une Vega. Il doit prendre la suite de l’instrument Vegetation de Spot.

·         ATV-4 Albert Einstein
Ce 4ème ATV doit délivrer 7 tonnes de ravitaillement à la Station Spatiale Internationale ainsi que 3 tonnes de carburant. Il sera lancé par une Ariane 5.

 
·         Vol habité : Luca Parmitano Expetion 36 et 37
Le 29 mai, Luca Parmitano décollera de Baïkonour à bord d’une capsule Soyouz pour passer 6 mois à bord de la Station Spatiale Internationale. C’est le premier des nouveaux astronautes de l’ESA sélectionnés en 2009, à s’envoler pour une mission spatiale. Alexander Gerst et Samanta Cristoforetti s’envoleront à leur tour en 2014 et 2015.

 
·         Lancement de Swarm
Cette constellation de 3 petits satellites doit étudier le champ magnétique de la Terre et son évolution afin de mieux comprendre l’évolution du climat.
Le lancement doit s’effectuer par une fusée russe Rockot depuis le cosmodrome de Plesetsk.

·         Lancement d’Alphasat I-XL
Cette mission est issue d’un partenariat public-privé entre l’ESA et Inmarsat global Ltd. Une Ariane 5 doit lancer un nouveau satellite de télécommunications basé sur la nouvelle plateforme Alphabus.

·         Lancement de 4 satellites Galileo FOC
Après le lancement en 2012, de satellites (Galileo IOV) pour valider le système Galileo et le tester, 4 satellites opérationnels (FOC=Full Operational Capability) seront lancés en deux lancement par une fusée Soyouz depuis Kourou.

·         Lancement de Sentinel-1A
Sentinel 1 est issu de la nouvelle famille de satellites pour le programme GMES.
Il sera lancé par une fusée Soyouz depuis Kourou.

·         Lancement de Gaia
Ce satellite d’observation d’objets célestes et de la voie lactée et sera lancé depuis Kourou.

2013 sera également une année d’activité intense du Soleil (cycle de 11 ans) et plusieurs des sondes et satellites de l’ESA en profiteront pour observer l’impact de l’activité solaire sur la Terre mais aussi sur Venus et Mars.

Résultats attendus pour 2013

L’année 2013 sera riche en enseignements grâce aux résultats de missions qui sont attendus.

·         SMOS
Lancé en 2009 par une fusée Rockot depuis le cosmodrome de Plesetsk, ce micro-satellite (SMOS = Soil Moisture and Ocean Salinity) a pour mission de mesurer l’humidité superficielle des terres émergées et la salinité de la surface des océans. Une grande conférence sur les résultats récoltés aura lieu à Madrid en février prochain.

·         Planck
Cet observatoire spatial a été lancé avec le télescope Herschel par une Ariane 5-ECA en 2009. Il devait étudier le fonds de l’univers et le montrer tel qu’il était 380 000 ans après le Big Bang. Une conférence de résultats se tiendra à Paris en mars prochain.

·         Mars Express
La sonde Mars Express fête ses 10 ans. Elle a accompli tout ce qui était attendu d’elle. Cette année, on modifiera son vol afin de permettre un survol très bas de Phobos, une des Lune de Mars. Si tout va bien, Mars Express rasera Phobos à 58 km d’altitude (elle l’avait déjà survolé en 2010 mais d’un peu plus haut).

·         Venus Express
Lancée en 2005, la sonde est en orbite de Vénus depuis 2006. Elle aussi, a largement rempli ses objectifs de mission. L’ESA a décidé de faire rentrer Venus Express dans l’atmosphère de Vénus par un aero-breaking.

Autres faits et commentaires

Exomars
L’accord définitif aura lieu le 15 mars prochain à Paris.
Jean-Jacques Dordain a rencontré son homologue russe de Rovkosmos Vladimir Popovkine mardi 22 janvier. Il y avait quelques soucis et désaccords (notamment en termes de traduction pour la signature contrat).

Le conseil de l’ESA étudiera l’accord définitif avant approbation le 13 et 14 mars, et l’accord sera signé le 15.

Exomars est une mission qui comprendra un orbiter et un rover qui décolleront en 2016 pour une arrivée sur la planète Mars en 2018.

La NASA, bien que s’étant retirée du programme Orbiter et Rover d’Exomars, sera quand même de la partie avec la collaboration notamment du JPL, et la conception du MOMA (chromatographe en phase gazeuse) du rover.

SpaceX
Jean-Jacques Dordain se dit heureux de la réussite de SpaceX et est très intéressé par son modèle économique. SpaceX n’a pas de contraintes budgétaires publiques grâce à un marché gouvernemental garanti. Il y avait une demande pour un service futur à l’époque et SpaceX a répondu OK. Ce modèle économique est intéressant mais pour l’instant inapplicable à l’ESA.

MPCV-Orion
Jean-Jacques Dordain a parlé de plusieurs vols pour ce module de service.

La NASA ne pourra pas utiliser la technologie déposée en propriété de l’entreprise, donc la NASA continuera de faire appel à l’Europe pour Orion. La NASA prévoit quand même d’utiliser Orion sur au moins deux décennies.

Le module de service reprendra aussi une technologie unique au monde concernant les censeurs utilisés sur l’ATV pour le guidage et les rendez-vous spatiaux. Technologie qui permet aussi un rendez-vous avec des objets inertes ou non configurer (RDV retour échantillons de Phobos, ou avec objet spatial étranger).

La Station Spatiale Internationale
Si on décide de prolonger la station au-delà de 2020, et ce sera parce que l’on aura de bonnes idées pour cette utilisation. Garder la station en service alors que l’on n’a pas d’idées serait navrant.

Les débris spatiaux
En avril, une grande conférence concernant l’impact des débris spatiaux et les programmes pour les limiter aura lieu à Darmstadt (Allemagne).

<<Il ne faut pas laisser à nos enfants un espace pollué par les débris. Je suis issu d’une génération de l’espace propre et il n’est pas question de continuer de laisser de polluer l’espace. De plus, économiquement et au niveau du travail spatial, cela se répercutera sur les futures missions, si on ne fait rien>>.

Réduction des coûts et économies
L’ESA s’est engagée depuis quelques années à obtenir une réduction des coûts afin de faire des économies. Ces économies seront ensuite réparties dans les différents programmes opérationnels.

Ce sont surtout une réduction des coûts de fonctionnement et Jean-Jacques Dordain voudrait que ces coûts passent de 18,5 à 15% du poids budgétaire de l’Agence.

 
Après vient une série de questions-réponse de la part des médias présents.

 
Les vols habités n’ont fait l’objet d’aucune question, ni d’aucun développement de la part de Jean-Jacques Dordain si ce n’est les quelques mots concernant la mission de Luca Parmitano. Mais il semble que l’optimiste soit quand même de mise, avec le projet MPCV, et un début certainement d’une coopération internationale (MPCV) mais aussi pourquoi pas avec les chinois : les astronautes européens prennent des cours de chinois depuis plusieurs mois.
Nous en saurons plus dans quelques mois…



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