mardi 2 octobre 2012

Interview du cosmonaute Valery Rioumine, qui a volé lors de 4 missions spatiales


Valery Rioumine est ingénieur spécialiste des systèmes de contrôle d’un vaisseau spatial (capsule ou station).
 
Dès le milieu des années 60, il travaille pour Energia dans le programme chargé de développer les stations spatiales. Il a contribué à la conception de toutes les stations spatiales soviétiques, dès Saliout 1.

Il est sélectionné comme cosmonaute en 1973.

Il a volé 4 fois (Soyouz 25 / Soyouz 32 / Soyouz 35 et une mission navette spatiale à bord de MIR, STS-91).

Il a passé en tout 371 jours et 17 heures dans l’espace.

Il a été le directeur de vol des stations spatiales Saliout 7 et MIR entre 1981 et 1989, puis a été directeur du programme MIR-Navette du côté russe, jusqu’en 1998.

Il est marié à la cosmonaute Elena Kondakova.

La mission ayant été ‘’un échec’’, l’URSS n’émit pas de timbre pour la commémorer, contrairement à sa tradition de timbrifier les équipages de cosmonautes. Les seuls documents philétéliques que nous ayons sont ceux du lancement, du retour et les commémoratifs des clubs philatéliques russes.
 
(Enveloppe commémorant le retour de Soyouz 25 éditée par le club philatélique russe de Tartu)
 
Interview réalisée en 2 fois entre septembre 2011 et septembre 2012. Je remercie particulièrement Nadeja, sans qui celle-ci n’aurait pu être réalisée et qui a aussi effectuée la traduction.

 
Depuis combien de temps travailliez-vous dans le milieu spatial avant d’être sélectionné comme cosmonaute ? Que faisiez-vous ?

J’ai commencé à travailler pour le programme spatial bien avant d’être cosmonaute. Dès 1966. J’étais spécialiste du système de contrôle pour les vaisseaux spatiaux.

Vous avez aussi travaillé sur le programme lunaire…

Oui, je m’occupais de la partie du vaisseau qui devait amener deux cosmonautes autour de la Lune. Hélas, nous n’y sommes jamais allés !

Vous êtes sélectionné comme cosmonaute parce que vous étiez considéré comme ‘’le’’ spécialiste des stations spatiales ?

En partie, oui… et aussi parce que je le voulais (rires…) ! Je m’occupais du programme de la station spatiale Saliout !

Vous souvenez-vous de ce que vous avez ressenti lorsque vous avez appris le lancement de Spoutnik ?

J’ai été très surpris et très fier !

Surpris parce que je travaillais déjà pour la société d’Etat qui l’a fabriqué et que je ne savais même pas que l’on construisait des ‘’trucs’’ pareils, ou que l’on en avait déjà construit !

J’étais fier aussi, parce que moi, modeste étudiant, je travaillais pour les mêmes personnes qui l’avaient construit…

Pour le vol de Youri Gagarine, comment l’avez-vous appris et qu’avez-vous ressenti ?

J’étais à l’armée. Nous l’avons appris par la radio. J’étais très content !

Cela m’a donné envie d’en apprendre encore plus sur l’espace, les vols spatiaux. J’ai réorienté mes études et mon travail à partir de ce moment-là !

Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage de votre première mission, la mission Soyouz 25 ? Etiez-vous inquiet, anxieux ?

Anxieux ? Non pas vraiment ! Après tout, j’avais plus que participé à la conception de ces Saliout… j’étais donc pressé d’y aller et confiant (sourire).

Comment s’est passé le décollage ? Qu’avez-vous ressenti ?

Je me souviens d’un bruit atténué et de vibrations… oui, cela vibrait quand même pas mal !

Mais surtout, c’est la sensation de chute à l’allumage de chaque étage… une véritable claque !

 

Quel(s) problème(s) avez-vous rencontré ?

Un gros problème dans le système de Docking nous a empêché de nous arrimer à Saliout…

Qu’avez-vous ressenti de cet ‘’échec’’ ?

Cela a été très frustrant ! J’étais très en colère et très triste à la fois ! Ce vol n’a pas été très confortable… Nous sommes rentrés au bout de deux jours !

Vous avez par la suite effectué deux missions de très longue durée, 175 et 184 jours, puis plus rien jusqu’en 1998, avec votre vol, STS-91, en navette pour rejoindre MIR. Pourquoi une aussi longue attente ? Vous ne vouliez plus aller dans l’espace ?

Non, non, j’avais très envie d’y retourner. Une 4ème fois, cela aurait été bien, mais après mes deux vols de suite, il fallait que je me remette un peu (Rires…).

Puis, on continue de travailler, beaucoup travailler, la famille, le travail, et le temps passe, passe très vite…

Pour MIR, c’est vous qui aviez décidé d’y aller ? Cela n’a pas été trop dur de se remettre à l’entraînement ?

(Rires…), oh si, un sacré Challenge…un véritable défi même. Il fallait presque tout réapprendre… Les procédures avaient changé, je prenais la navette spatiale…
Le plus dur a été… de perdre du poids… (Rires).
 
 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire