samedi 22 mai 2010

Interview de Bruce Melnick, astronaute de la NASA qui a effectué 2 missions à bord de la navette spatiale






Bruce Melnick est un ingénieur aéronautique et pilote d'essai de l'US Coast Guard (Garde-Côtes US).
A ce titre, il était le pilote d'essai du HH-65 Dolphin et à conduit la plupart de ses essais et certifications.
Le Dolphin est le dérivé américain de l'Eurocopter Dauphin.
Le Dolphin est l'hélicoptère de secours des gardes-côtes américains.
Le manuel de vol du Dolphin a été rédigé par Bruce Melnick.
Il est sélectionné par la NASA en 1987 dans le Groupe 12. Il devient le premier garde-côte astronaute.
Il effectue 2 missions spatiales (STS-41 en 1990 et STS-49 en 1992).
Il quitte la NASA et les US Coast Guard en 1992 pour se diriger vers l'industrie aérospatiale où il travaillera successivement pour les grandes firmes aérospatiales américaines (Lockheed, United Space Alliance, McDonnell Douglas qui deviendra Boeing).
Il prend sa retraite en 2008.
Interview réalisée en 2006 à KSC
 
 
Q : Pouvez-vous nous parler de votre mission STS-49, qui était votre 2ème mission après STS-41, et qui était aussi le premier vol d’Endeavour, nouvelle navette construite après la destruction de Challenger ?
R : J’étais très content et très excité d’avoir été nommé comme Mission Specialist et Flight Engineer sur STS-49, surtout si peu de temps après avoir effectué mon premier vol STS-41 à bord de Discovery.
Par deux fois, mes missions se sont trouvées avancées du fait du retard et reports des autres missions.
C’est une réelle chance de pouvoir voler deux fois, surtout de manière si rapprochée.
J’ai commencé mon entrainement pour STS-49 peu de temps après mon retour.
Q : Comment étiez-vous, vous sentiez-vous avant le décollage ?
R : Very Exhilarious… Mais aussi un peu anxieux, non pas par le décollage en lui-même mais par les enjeux qui nous attendaient…
C’était le premier vol d’Endeavour ; nous devions montrer qu’elle était opérationnelle ; nous avions ‘’Rendez-Vous’’ avec le satellite Intelsat VI pour lui mettre un nouveau moteur qui remonterait son orbite qui était trop basse depuis son lancement deux ans avant ; je devais coordonner les EVA, etc…
Et aussi très content de voir que tout le travail que nous avions préparé ensemble avec l’équipage Dan, Kevin, Kathy, Pierre, Rick et Tom (ndlr : il s’agit de l’équipage) allait être accompli.
Q : Pouvez-vous nous raconter comment vous avez fait pour capturer le satellite Intelsat VI et le remettre en état ?
R : Cette mission était passionnante… Expérimentations scientifiques, développement d’ingénierie et tâches opérationnelles (vérifications des systèmes de vol d’Endeavour, etc…).
Mais c’est vrai que le plus important de la mission, outre la certification opérationnelle d’Endeavour, était effectivement la capture d’Intelsat VI.
C’était un gros satellite qui avait été lancé deux ans auparavant par une fusée Titan. Mais son altitude d’orbite était vraiment trop basse.
Par des manœuvres complexes gérées par Dan Brandenstein, notre commandant, et par Chili (Kevin) Chilton, nous nous sommes approchés d’Intelsat VI.
Intelsat VI n’avait pas été conçu pour être réparé en orbite et donc il n’y avait pas de prise pour le bras de la navette.
C’était donc une phase de la mission très intense puisqu’il fallait que 2 astronautes sortent dans l’espace et essaient de l’attraper.
J’avais le rôle d’IVA car je décidai de comment devait se dérouler l’EVA depuis l’intérieur de la navette. C’était à moi que revenait le rôle crucial de guider mes collègues dehors et d’indiquer aux pilotes les micro-manœuvres à effectuer pour s’approcher sans danger pour mes collègues et pour Endeavour.
Pendant 2 jours, Rick (Hieb) et Pierre (Thuot) ont essayé lors de 2 longues EVA de capturer le satellites.
La première EVA était de presque 4h, la seconde de plus de 5h… A chaque fois, ils parvenaient à attraper le satellite mais il y avait trop d’instabilité pour le maintenir au dessus d’Endeavour.
Il y a eut un énorme travail des pilotes pour que l’on reste à proximité du satellite.
Après ce nouvel essai infructueux, j’ai proposé au contrôle au sol une EVA à 3 astronautes. Après accord du MCC, Tom (Akers) s’est joint aux deux autres astronautes et ils ont réussi à capturer à la main Intelsat VI.
Pierre (Thuot) sur le bras de la navette assurait une sécurité en maintenant également le satellite avec la barre de capture.
Après avoir reçu son nouveau moteur, et une EVA record de 8h, Intelsat VI a pu regagner son orbite prévu.
Q : Et le reste de la mission ?
R : Toujours les vérifications de procédures pour vérifier les fonctions d’Endeavour. Kathy (Thornton) et Tom (Akers) ont effectué une 4ème EVA de plus de 7 heures pour faire de l’assemblage de matériau dans l’espace en vue de la construction d’une future station spatiale.
Il y aurait dû y avoir une autre EVA mais celle-ci avait été remplacée par la 3ème EVA sur Intelsat VI.
En fait, cette mission a été très très riche en travail et ‘’premières’’ : 1er vol d’Endeavour, les 2 plus longues EVA réalisées à cette date, plusieurs rendez-vous entre la navette et un satellite (3 fois car 3 tentatives de capture) et surtout la première fois que 3 astronautes effectuaient une EVA en même temps.
Q : Comment s’est passé le retour ?
R : Très bien… Nous sommes rentrés à Edwards où … (rires) nous avons réalisé une autre première…
C’était la première fois qu’une navette revenait sur Terre et atterrissait avec un parachute de freinage (drag chute)…

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